Working for free

🇫🇷 Hier, j’ai finalisé le dossier de ma proposition d’affiche pour Imaginascience 2019. J’en suis assez contente, mais c’est un sentiment entaché par l’inquiétude de ne pas voir ma proposition choisie par les client·e·s. En effet, c’est la 3^ème fois que j’accepte de participer à l’appel à projet d’affiche qu’Imaginascience lance tous les ans. Je le fait parce que j’aime cette manifestation, et plus particulièrement le fait que ce soit un évènement autour de la vulgarisation et la médiation scientifique…

Comme tous les ans, je suis assez énervée qu’illes organisent un appel à projet pour un budget d’environ 2 500€. Ils mettent donc en concurrence plusieurs graphistes pour que chacun produise une proposition. Celles qui ne seront pas retenues ne sera pas rémunérée. Pour vous faire une idée, je mets environ 12h pour mettre au point ma réponse, soit un investissement d’environ 450€, soit 20% de l’enveloppe totale (25% les années précédentes). Peut-être que les autres graphistes y passent moins de temps et que ça explique que j’ai remporté les appels d’offre précédents. Mais c’est aussi possible qu’illes y investissent autant (voire plus) de temps que moi… D’autant que 2 500€ n’est pas un gros budget pour tout le travail demandé.

Je ne devrais pas participer à ce genre d’appel d’offre puisque que je les désapprouve : mise en concurrence, exploitation de la condition précaire de la profession, manque de considération… En plus, ce n’est pas très raisonnable pour moi d’y participer : je ferais mieux de dédier du temps à mon développement commercial pour ramener de meilleur·e·s client·e·s. Le pire, c’est que j’ai honte d’accepter de participer.

Le truc réglo à faire de leur part serait de rencontrer plusieurs graphistes, de discuter de leurs méthodes, d’inspecter leur portefolio et de leur demander un devis. En faisant ça, illes prennent un peu plus de risque, mais illes ont aussi plus de chance d’obtenir une affiche qui leur correspondent mieux en la co-construisant avec le/la prestataire. J’ai essayé de les amener à ça cette année en rencontrant en amont la personne chargée de l’édition de cette année. Mais c’est une jeune travailleuse en CDD qui n’a pas le choix du mode de sélection du/de la prestataire. Il faudrait que j’arrive à en parler au responsable, mais, même en partant du principe que j’ai une occasion, ce n’est pas sûr qu’il m’écoute…

Je pense que je participe quand même parce que :

[lâcheté] je ne suis pas encore prête à défendre mes convictions en boycottant cet appel-là (c’est le seul auquel je réponds chaque année)…
[leurre] notamment parce que j’ai gagné les appels précédents et que, du coup, je pense que j’ai / je surestime mes chances de remporter celui-ci aussi;
[égo] ça m’ennuie de le dire, mais je n’ai pas une très bonne opinion de la qualité du travail du/de la graphiste moyen·ne, j’ai donc envie de faire mieux, de tester ma supériorité;
[budget] 2 500€, c’est le CA dont j’ai besoin sur un mois (malgré un budget bas, j’accepterais la mission si elle n’était pas sur appel d’offre);
[défi] l’exercice d’imaginer un concept d’affiche est intéressant;
[fierté] c’est toujours agréable de voir ses visuels habiller tout un évènement.

🇺🇸 Yesterday, I finalized my poster proposal for Imaginascience 2019. I’m pretty proud of it, but my joy is mixed up with worries about my proposal not being chosen by the clients. Indeed, this is the third time I accept to sumbit for the call for posters that Imaginascience launches every year. I do it because I like this event, and more particularly, I love the idea of working for an event about and scientific mediation and popularization …

Like every year, I am pretty angry that they organize a call for projects for a budget of € 2,500. They make several designers compete, and each of them submit something. Those who are not selected will not be paid. To get an idea, I need about 12 hours to build my answer, an investment of approximately 450 €, 20% of the total envelope (25% the previous years). Maybe other graphic designers spend less time on their submission and that (maybe) explains why I won the previous bids. But it is also possible that they invest as much (or more) time than me … Moreover, € 2,500 is not a big budget for all the work requested.

I should not participate in this type of tender because I disapprove it: competition, exploitation of the precarious condition of the profession, lack of consideration … In addition, it is not very reasonable for me to participate: I’d better dedicate time to my business development to find better customers. The worse part is that I’m ashamed of submitting.

If they wanted to fair play, they should meet several graphic designers, discuss their methods, inspect their portfolio and ask for a quote. By doing this, they may take a little more risk, but they are also more likely to get a poster that suits them, by co-constructing with the provider. I tried to get them to do that this year by finding, contacting and meeting with the person in charge of this year’s edition. But she is a young worker, on short-term contract, who does not have the choice of how to select the service provider. I would have to talk to the manager about it, but even assuming I have an opportunity, I’m not sure I’ll be heard …

I think I participate anyway because:

[cowardice] I’m not yet ready to defend my beliefs by boycotting this call (it’s the only one I answer, every year) …
[lure] especially because I won the previous calls and that, so, I think can (or I overestimated my chances to) win this one too;
[ego] I do not like to say it, but I do not have a very good opinion of the quality of the work of the average graphic designer, so I want to do better, to test my superiority;
[budget] € 2,500 is the revenue I need over a month (despite this is a low budget, I would accept the mission if it was not a call for posters);
[challenge] the exercise of imagining a poster concept is interesting;
[pride] it’s always nice to see your visuals all over an event.