La méthode… et la réalité d’un terrain

🇫🇷 Hier, j’ai fait un prototype pour une série d’illustration. L’occasion de revenir sur le processus de création graphique…

🇺🇸 Yesterday, I made a prototype for an illustration series. This is the opportunity to inspect to the graphic design process …

Note : pour cet article, je tente de tout passer au féminin plutôt qu’au masculin par défaut, ou que d’utiliser l’écriture inclusive. Après tout, je suis une femme et plus de la moitié de mes clients et clientes aussi.

1. L’intersection des univers visuels respectifs

J’ai la conviction que pour qu’un projet de graphisme se passe bien, que tout le monde soit fière du résultat, il faut trouver l’intersection entre l’univers de la cliente et l’univers de la graphiste. Il faut aussi que la graphiste/communicante assume son rôle de conseil et que la cliente accepte de l’entendre. J’ai trop entendu de graphistes dire : « c’était très réussi… avant les modifications demandées par le client ».

Évidemment plus les univers de la graphiste et de la cliente sont éloignées, moins c’est facile. D’où l’importance de bien aller vers un graphiste dont on apprécie le portefolio.

En l’occurrence, le client dont je vais parler aujourd’hui, ne m’a pas choisie. Je suis en sous-traitance pour des collègues qui m’ont elles choisie par ce qu’on a déjà (bien) travaillé ensemble, que je suis une des seules illustratrices de leur réseau, et que les univers que je peux mobiliser sont variés.

2. Utiliser les images pour ce que la cliente ne peut pas traduire en mot

C’est le rôle de l’enquête approfondie et des planches tendance : j’ai pu exposer la méthode que je pratique dans l’étude de cas de la mission des Ourses à Plume.

J’envisage le graphisme comme un art de la traduction de messages verbaux en langage visuel. Pour bien traduire, il faut savoir exactement quoi traduire : quel est le vrai message ? Nous faisons face à 2 écueils :

  • Le caractère incomplet du discours conscient de la cliente. L’enquête doit aller chercher ce qui a été oublié, ce qui n’est pas conscientisé, sinon la proposition graphique risque de taper (au moins légèrement) à côté, et il y a des risques d’atermoiements et de détricotage de la création par la cliente.
  • Le manque de maitrise du vocabulaire visuel par la cliente. Je n’essaie donc pas de lui faire parler ce langage, mais lui demande de me livrer son répertoire d’image, que je vais moi interpréter. Il ne s’agit pas que de goûts ! Si le grand public ne sait pas précisément parler des images, quand il en voit une, il a tout de même des notions de ce qui est connoté, de manière consciente ou non.

Une fois ces deux écueils passés, j’ai suffisamment d’informations pour proposer un univers et des outils graphiques. Les planches tendances sont le dernier jalon avant de produire un premier prototype : elles permettent de valider et d’écarter des hypothèses, et de ne pas partir sur une piste qui viendrait à rebrousse-poil de la sensibilité de la cliente.

En l’occurrence, pour le client dont je vais parler aujourd’hui, il n’y a pas eu de phase d’enquête ni de vraies planches tendance. La sous-traitance fait que je n’ai pas pu fixer le cadre idéal pour mon travail, et qu’il n’y a ni le temps ni vraiment l’usage d’un processus de création graphique approfondie.

3. Un exemple de processus de création réduit à ses fondamentaux.

L’enquête approfondie a été remplacée par 1h d’appel téléphonique avec le client. J’ai structuré notre entretien en 4 temps :

  1. Des questions de compréhension sur sa structure, les objectifs de la publication et son public ;
  2. Des questions sur ce qu’il voulait accomplir avec les illustrations sur ce support ;
  3. Revenir sur l’existant et verbaliser les différences, les points forts, les écueils ;
  4. Lui soumettre quelques autres images complémentaires que j’avais préparé suite à une petite pré-recherche.

Nous avons pu déterminer le message global de la plaquette : « Nous investissons votre argent dans des projet qui contribuent la transformation écologique de la société et vous amène une rentabilité raisonnable (sans spéculation). »

Il m’a présenté les persona de sa structure et nous nous sommes accordé sur les caractéristiques du public.

Nous avons déterminé ensemble que l’objectif des illustrations n’était pas de faire comprendre le texte, mais bien donner à voir d’illustrer le message global de la plaquette, de donner à voir la vision d’énergie partagée.

Finalement, après avoir échangé sur les images, nous sommes arrivées à la conclusion que le rendu final devait constituer en un point d’équilibre entre ces deux images :

Le client était encore très incertain de la possibilité de solutionner l’équation. Et c’est compréhensible, comme il n’y a pas eu de processus d’enquête, nous nous connaissons encore peu, il n’a pas pu s’assurer de ma bonne compréhension du sujet et de ses enjeux.

Dans un premier temps mes propositions de composition ont permis de le sécuriser sur le projet global, de discuter précisément le signifiant et de corriger certaines orientations. Dans un second temps, la première esquisse l’a définitivement rassuré sur le rendu final.

Nous sommes à présent sur de bon rails, il ne reste plus qu’à produire !

Le point négatif de ces conditions de travail, c’est qu’on est encore plus sujette au risque que quelque chose se passe mal. Chaque incompréhension génère plus de travail, et là où on pensait avoir économisé, on perd en réalité du temps. On est toujours un peu sur la corde raide, et on peur de ne pas rentrer dans ses frais.

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